Espace de l'art concret Mouans-Sartoux
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Mouans-Sartoux, petite commune de 10 000 habitants dans les Alpes Maritimes près de Cannes, s’est transformée en haut lieu de l’art concret. C’est là que, depuis 1990, le maire, André Aschieri, et deux collectionneurs, Sybil Albers et Gottfried Honegger, s’attelent à la construction d’un Espace de l’Art Concret (EAC). Ni musée ni galerie municipale, cette nouvelle institution est logée dans le château de Mouans et dans deux édifices nouveau situés dans le grand parc. L’EAC accueille tout d’abord les enfants qui le fréquentent pour practiquer la peinture et pour aiguiser leurs sens dans l’ateliers conçu pour eux par l’architecte Marc Barani de Nice. Barani débutait en 1990 avec l’extension du cimetière de Saint-Pancrace à Roquebrune-Cap-Martin. L’inscription du cimetière dans la topographie du lieu, la manipulation des matériaux d’origines végétales et minérales lui valaient une reconnaissance immédiate. En 2000, après les dix premières années de son activité, que commence une nouvelle étape dans la vie de l’Espace de l’Art Concret. Albers et Honegger décident alors d’offrir leurs collections à l’état français, à condition que celui-ci s’engage à financer la construction d’un édifice qui accueillera la donation de près de 500 oeuvres. À ce titre est lancé un concours de maîtrise d’oeuvre, qui sera remporté par l’agence zurichoise Annette Gigon et Mike Guyer. L’édifice, qui a ouvert ses portes au public en juin 2004, est implanté sur un terrain boisé à forte pente. Depuis l’entrée du parc, sa teinte vert anis transparaît à travers les branches des arbres. Unie par la teinte monochrome, la forme globale de l’édifice évoluant sur cinq niveaux ne trahit pas ce qu’elle héberge. Si l’aspect extérieur de l’édifice affirmait son caractère artificiel, autonome, sculptural, son intérieur a été formulé à base d’une consigne particulière donnée par Gottfried Honegger. L’artiste collectionneur souhaitait que l’architecture qui abrite sa collection ne se confonde pas avec le protocole officiel et stérile des musées dont l’organisation interne est souvent calquée sur le modèle de la galerie, lieu de passage et de contemplation, rue intérieure à l’éclairage zénithal. À la typologie d’une institution publique, Honegger préfère un intérieur similaire à celui d’une demeure privée. Le cadre domestique des lieux devrait refléter un principe auquel tiennent les donateurs: la vie intime avec les oeuvres. La présence de l’art dans le quotidien de son amateur participe à une idée, vieille d’un siècle, qui est celle de la réforme intégrale du cadre de vie. Ancrée dans la tradition des Arts and Crafts, cette idée reste active au sein du Werkbund allemand et fait son chemin à travers le Bauhaus jusqu’à Max Bill, auteur en 1936 du manifeste 'Konkrete Gestaltung' et commissaire, en 1951, de l’exposition 'Die gute Form' qui réactive les rapports entre l’art et la création industrielle. Sensible à une vision globale de notre environnement matériel, Honegger souligne que pour lui, la distinction entre arts plastiques et arts appliqués n’aurait pas de sens, car 'un art non appliqué ne servirait à rien. Il serait voué à l’insignifiance et à la disparition.' Axel Sowa, rédacteur en chef de L’Architecture d’Aujourd’hui a étudié l’architecture à Berlin et à Paris. Il a exercé la profession d’architecte d’abord en France et en Japon. Serge Demailly, qui a pris tous the photographies des édifices nouveaux, a fait ses études à Lille et Paris, est l’un des photographes architecturales de premier plan en France.