Le monstre
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Au croisement de l’épistémologie et de l’esthétique, cette enquête révèle la pluralité du monstre. Parler du monstre, en effet, cela signifie toujours parler d’autre chose : de la nature et de ses lois, de l’art, de la société. À partir du moment où l’anomalie naturelle n’est plus reléguée aux recoins les plus cachés des expositions zoologiques, ou considérée comme une simple bizarrerie, un nouveau monde s’ouvre aux philosophes de la nature. La charge transgressive du monstre, bridée dans la discipline tératologique naissante, libère de nouvelles potentialités et influence même le champ de l’art. Pour Hugo, Balzac, Étienne et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, les monstres ne sont plus de pauvres spectres angoissés, ni de fantastiques démons, ils obligent l’homme à s’interroger : sur la réalité, sur la vie, sur l’homme et sur la signification de l’art et de la science. L’inhabituel, l’anormal, deviennent alors des principes vitaux qui structurent la réalité en l’adaptant à des conditions toujours changeantes. Le monstre est loin d’être une défaite de la nature, bien au contraire, il est la manifestation du pouvoir vital des corps vivants, il est la vie même qui se transforme.